Chroniques rebelles
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Samedi 1er décembre 2018
The Mumbaï Murders de Anurag Kashyap. La Permission de Soheil Beiraghi. Diamantino Film de Gabriel Abrantes et Daniel Schmidt. Pig de Mani Haghighi. On l’appelait Roda de Charlotte Silvera. Derniers jours à Shibati de Hendrick Dussolier. Voyage à Yoshino de Naomi Kawasé
Article mis en ligne le 2 décembre 2018

par CP

The Mumbaï Murders
Film de Anurag Kashyap (28 novembre 2018)

Entretien avec Anurag Kashyap.

La Permission
Film de Soheil Beiraghi (28 novembre 2018)

Entretien avec Soheil Beiraghi et la comédienne Baran Kosari.

On l’appelait Roda
Film de Charlotte Silvera (31 octobre 2018)

Entretien avec la réalisatrice.

Pig
Film de Mani Haghighi (5 décembre 2018)

Entretien avec Mani Haghighi.

Diamantino
Film de Gabriel Abrantes et Daniel Schmidt (28 novembre 2018)
Entretien avec Gabriel Abrantes

Derniers jours à Shibati
Film de Hendrick Dussolier (28 novembre 2018)

Voyage à Yoshino
Film de Naomi Kawasé (28 novembre 2018)

The Mumbaï Murders
Film de Anurag Kashyap (28 novembre 2018)

Dans The Mumbaï Murders la brutalité sociale s’illustre avec une force et une rapidité remarquables, dès le générique carrément halluciné. Le film est déjanté à souhait, et l’on est sous pression constante, du début à la fin du récit. The Mumbaï Murders dépeint la société indienne dans sa violence la plus effrayante, celle des institutions, donc sans aucune limite.

Au-delà de son savoir faire, de son indéniable virtuosité dans la réalisation et de sa direction des comédien.nes, ce qui est sans doute le plus fascinant dans le film de Kashyap, c’est l’utilisation de la ville de Mumbaï — Bombay —, ou plutôt de son bidonville — le plus étendu au monde —, dont le dédale est plus qu’un décor, c’est une métaphore de la société indienne.

« Si j’ai recours à la violence dans chacun de mes films, [confie le réalisateur] c’est pour bousculer le [public]. Je vis dans une société coercitive, en raison de la religion, de l’idéologie et de l’absence de liberté dont souffre [la population]. Dès que je trouve quelque chose d’extrême, je l’injecte dans mes films. » On pourrait qualifier The Mumbaï Murders de thriller extrême… Les tabous, la violence de classes et de genre, le sexisme exacerbé et meurtrier, les règlements de comptes, les meurtres sans raison, les addictions… C’est une suite de rebondissements à couper le souffle. Le crime y est monnaie courante, la vie vaut ou ne vaut rien, selon le milieu dont on est issu, le rythme du film matraque littéralement le public.

Incarné par des acteurs étonnants, The Mumbaï Murders est porté par la maestria d’une mise en scène à la fois énergique et inventive.
Entretien avec Anurag Kashyap

La Permission
Film de Soheil Beiraghi (28 novembre 2018)

La genèse du film est simple comme l’explique le réalisateur : « Je suis parti d’un fait courant en Iran pour écrire le scénario : de nombreuses femmes, athlètes ou artistes, ne peuvent pas quitter le territoire parce qu’elle n’ont pas la permission de leur mari. L’une d’entre elles était la capitaine de l’équipe nationale de futsal. Tout le monde a entendu parler de son histoire en Iran, mais la loi est la loi et beaucoup de femmes ne la connaissaient pas. Je voulais parler de celle-ci et des droits des femmes, par le biais d’une histoire ».

Après onze ans de préparation et de nombreux matches, Afrooz voit son rêve se réaliser : représenter l’Iran avec son équipe, dont elle est la capitaine, pour la finale de la Coupe d’Asie des nations. Mais à l’aéroport, au moment d’embarquer pour la Malaisie, elle apprend que son mari ne lui accorde pas le droit de sortir du territoire, et cela bien que le couple soit séparé. En Iran, la femme doit obtenir l’autorisation de son époux pour voyager. Commence alors pour la jeune femme un parcours de combattante pour obtenir ce droit, et elle a seulement quelques jours pour y arriver.

Entretien avec Soheil Beiraghi et la comédienne Baran Kosari, qui incarne magnifiquement Afrooz, la capitaine de l’équipe iranienne de foot.

On l’appelait Roda
Film de Charlotte Silvera (31 octobre 2018)

Poète de l’exil, né d’un père anarchiste catalan, Étienne Roda-Gil est cet auteur prodigue qui a écrit plus de 700 chansons que nous avons tous et toutes fredonné. Resté fidèle aux idéaux libertaires, Roda-Gil reste pour beaucoup d’entre nous l’auteur de La Makhnovtchina.
« On l’appelait Roda n’est pas un documentaire mais un poème, la dernière chanson dont Étienne Roda-Gil est cette fois non le parolier, mais la parole elle-même. »
Entretien avec la réalisatrice
On l’appelait Roda de Charlotte Silvera :
Studio Galande, rue Galande - Paris 5ème.
samedi 1er décembre à 17h50
dimanche 2 décembre à 18h
Mardi 4 à 11h30
Reflets Médicis - rue Champollion - Paris

Pig
Film de Mani Haghighi (5 décembre 2018)

Pig est une comédie trash iranienne dans le milieu du cinéma sur le ton de l’humour absurde…

Alors qu’un mystérieux serial killer s’attaque aux cinéastes les plus adulés de Téhéran et les décapite, Hasan Kasmai, réalisateur iranien interdit de tournage depuis son film Rendez-vous aux abattoirs, est condamné à tourner des pubs, et bizarrement, il est épargné par le tueur. Outre que la censure écarte Hasan depuis des mois, voilà que sa comédienne, sa muse et son amante lui fait des infidélités, et accepte un rôle dans une navrante parodie de film mystico historique…

Et les têtes roulent autour de lui, sans qu’il soit lui-même, menacé. De quoi se poser des questions sur le tueur fou qui marque ses victimes au front du mot pig, porc. Cela va déchaîner les soupçons sur les réseaux sociaux qui bientôt accusent le réalisateur d’être l’auteur des crimes. Il faut dire que, de plus en plus paranoïaque, Hasan Kasmai accumule les paroles maladroites, les malentendus et les scènes, qui sont filmées par portable et balancées sur le net.

C’est alors que des cauchemars l’assaillent — rêves, réalité ? — où le fan qu’il est du groupe ACDC se projette en star de la scène rock métal. C’est aussi le moment où il songe à mettre en scène son exécution pour attirer le tueur. Pourquoi suis-je épargné ? demande-t-il à sa mère qui lui répond « il garde le meilleur pour la fin ! »

Entretien avec Mani Haghighi.

Diamantino
Film de Gabriel Abrantes et Daniel Schmidt (28 novembre 2018)

Sur un stade filmé comme une cathédrale, une star du foot marque des buts, inspiré par sa vision de chiots géants flottant sur la pelouse dans des fumées roses. « Ce que tu fais est incroyable. Tu inspires les gens », lui dit son père tandis que ses sœurs jumelles hurlent et empochent le fric.
Dans la foulée, le Candide du football est utilisé par une politicienne ambitieuse, qui voit dans le clonage du joueur l’opportunité de créer une armée de super stars du foot, histoire de redonner au pays sa gloire ancienne, celle des conquistadors pour un Portugal ultra libéral et raciste.

Diamantino est une critique de la manipulation politique faite du foot, un jeu hyper médiatisé, jouant sur l’engouement de la population. Mais au-delà, c’est aussi le constat d’une société en perdition et corrompue, de ses dérives possibles, populisme, nationalisme, racisme, capitalisme et son pendant, le fascisme…
Drôle, mordant, méchant, Diamantino est, sous des dehors de comédie délirante à la Ubu, une critique radicale de la société, et c’est également une très belle histoire d’amour qui balaie les codes et les tabous.

Entretien avec Gabriel Abrantes.

Derniers jours à Shibati
Film de Hendrick Dussolier (28 novembre 2018)

Un vieux quartier en voie de démolition au cœur de l’une des plus importantes métropoles de Chine. Ce quartier abrite un grand nombre d’habitant.es qui ont toujours vécu dans ce lieu situé au centre de Chongouing. Et tout ce monde doit partir, abandonner leurs maisons et leurs habitudes, pour être relogé à la périphérie de la ville.
Hendrick Dussolier filme cette disparition et la rencontre du réalisateur avec un enfant débrouillard, un coiffeur, une vieille dame artiste qui collecte les objets jetés et les recycle… Impossible de tout emporter dit-elle, mais au moins, il faut garder une trace de ce lieu avalé par les gratte ciels.

Voyage à Yoshino
Film de Naomi Kawasé (28 novembre 2018)

Dans une nature magique, la forêt japonaire recèle des secrets que quatre personnages vont expérimenter. Une femme à la recherche d’une plante médicinale rare et du souvenir d’un amour, un garde forestier qui la guide accompagné de son chien, une femme sage qui semble connaître la clé des
questions et des mystères, un jeune homme candide… La forêt est vivante, et le temps est suspendu.