Chroniques rebelles
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Samedi 25 janvier 2020
Station Metropolis direction Coruscant d’Alain Musset. Vie™ de Jean Barret
Article mis en ligne le 30 janvier 2020
dernière modification le 15 juin 2020

par CP

Station Metropolis direction Coruscant
Alain Musset (Belial)

Vie™
Jean Barret (Bélial)

Concerts et cinéma : 2 concerts du Trio Utgé-Royo 25 et 26 janvier

La Beauté des choses de Bo Widerberg (29 janvier - Malavida)

Les 20es Journées cinématographiques jusqu’au 8 février

Station Metropolis direction Coruscant
Alain Musset (Belial)

Le monde s’emballe… L’imminence d’une catastrophe environnementale ou l’attraction plus ou moins dissimulée d’une société autoritaire pour certain.es — entre totalitarisme et démocrature — amènent à observer sous tous les angles les sociétés contemporaines, la transformation de leurs espaces et à anticiper des sociétés futures à brève et moyenne échéance. D’ailleurs doit-on parler encore de sociétés différentes dans un monde uniformisé dans presque tous les domaines par la globalisation capitaliste ? Il sera donc question de capitalisme, d’uniformisation, de pollution, de surconsommation, de pandémies, d’apprentis sorciers de l’« après nous, le déluge ! »… Par exemple, écrit Alain Musset, dans les récits de science fiction, en littérature comme au cinéma, les cités du futur « sont toutes bâties sur les mêmes schémas dystopiques : gigantisme, surpopulation, hyper concentration des activités industrielles et commerciales, pollution, violence, peur de l’autre, racisme, oppression des minorités ethniques, exploitation des classes sociales [jugées] inférieures au profit d’une élite sans cœur et sans scrupule  »… Avec pour résultat la destruction irrémédiable de la nature pour cause de « progrès », ça c’est l’argument avancé : faut-il encore savoir lequel ? En réalité, il s’agit du profit dont bénéficie une minorité au détriment de la majorité de la planète.

Le modèle de la Babylone du futur ? On en est très proches, sinon on peut dire que c’est déjà en partie réalisé dans les mégapoles devenues des monstruopoles, créant des situations chaotiques décrites par la science-fiction. Cela génère une réflexion sur « un certain nombre de problèmes que posent pour nos sociétés modernes le rôle ambigu de l’État, la légitimité de la violence, les faiblesses du système [qualifié de] démocratique, les valeurs de l’individualisme ou le pouvoir symbolique que s’arrogent des communautés antagoniques au nom de leur identité collective. » En fait, souligne Alain Musset dans son nouveau livre, Station Metropolis direction Coruscant, « entre la mégapole d’aujourd’hui et la monstruopole de demain, la frontière est ténue. » Ainsi, étudier les villes futures à travers l’univers de la science-fiction peut s’avérer révélateur du point de vue de la sociologie et de la géographie urbaine. « En effet, la science-fiction accompagne ou anticipe les transformations de la ville et des sociétés urbaines tout comme le font les sciences sociales. »

« La ville intelligente de l’avenir, la smart city, aujourd’hui présentée comme la solution à tous nos problèmes [est en réalité] un outil de pouvoir et de contrôle au service des classes dominantes. » De même, elle symbolise la hiérarchie… En haut ou au centre, la minorité des riches, en bas ou dans la périphérie, ghettoïsé.es, ceux et celles qui vivent dans la merde et de la merde… On se souvient du reportage terrifiant de Jack London publié en 1902 sous le titre, le Peuple de l’abîme… alors où est ce « progrès » si souvent évoqué et justifiant souvent le pire… Bien sûr, ce n’est plus dans l’East End londonien que cela se passe, mais à Bombay, Rio, Mexico, Los Angeles, Dehli, Le Caire, la liste est fort longue… À Paris, le nombre de personnes et de familles sans abri augmente à la cadence des fortunes des plus riches…

Dans Station Metropolis direction Coruscant, Alain Musset revient sur l’importance à accorder à « l’inscription spatiale des faits sociaux et aux relations ambiguës qui s’établissent entre les lieux physiques, les représentations sociales et les imaginaires. » Or, « la métaphore ou la caricature [des] sociétés soi-disant libérales qui ont érigé “l’égalité des chances” en vertu cardinale [elles passent sous silence] que les dés sont toujours pipés et que les seuls gagnants sont ceux [et celles] qui n’ont pas besoin de jouer. »

Vie™
Jean Barret (Le Bélial)

En illustration du propos d’Alain Musset, et comme en miroir, le roman de Jean Barret, Vie™, où le citoyen X23T800S13E616 — il paraît que c’est l’avenir ! —, autrement nommé Sylvester Staline, n’attend qu’une chose : que le jeu contraint et truqué cesse. Le cauchemar d’une existence hyperconnectée, avec un temps de vie subdivisé entre travail, amour, amitié, divertissement, l’insupporte jusqu’à se suicider chaque soir. Une manie, Une manière de rébellion ?

Et chaque matin ça recommence… il fait son boulot — tourner des cubes colorés — il se pose des questions, tente de se distraire et d’échapper un temps à cet univers connecté, classé, arbitré, concentrationnaire, du fast food de la pensée anticipée pour lui et les autres citoyens et citoyennes numéroté.es… Il ne se passe rien, rien ne change, pourtant il n’est pas question pour lui de faire appel à la bouée d’un algorithme du bonheur, non, décidément, Sylvester n’a pas envie de jouer le jeu… Néanmoins le jeu de rôle est de rigueur dans cette Vie TM, et pas question de se défiler.

Vie™ de Jean Barret, un futur au goût du présent ? Une vision exacerbée d’aujourd’hui ? Peut-être et il y a même quelques prophètes normalisés qui traîne dans le monde aseptisé et cadré de Sylvester. Mais voilà que débarque dans cet univers morne le vent de la révolte, V, qui se présente comme l’idée de la révolution incarnée numériquement, bref celui qui veut faire tout dérailler et déclare : « Je suis le premier disciple d’une révolution nihiliste, terroriste et anarchiste. Je suis une idée à l’épreuve des coups, à l’épreuve des balles, à l’épreuve des hommes. Je suis votre double. »

Vie™
Jean Barret (Le Bélial)

2 concerts et enregistrements du trio Utgé-Royo
Samedi 25 janvier 2020 à 20 h 30 & dimanche 26 janvier à 18 h

Salle de spectacles le Triton – 11 bis, rue du Coq français – Les Lilas
Métro Mairie des Lilas (ligne 11)
Réservations : 01 49 72 83 13 ou 06 12 25 52 85

20èmes Journées cinématographiques
à l’Écran de St Denis
Du 24 janvier au 8 février « La vie est un songe »

M° Basilique St Denis

Sortie le 29 janvier de la copie restaurée du dernier film de Bo Widerberg, la Beauté des choses (1996)
Bo Widerberg est le réalisateur, entre autres films, de Joe Hill (1971) et de Un Flic sur le toit (1976).

La Beauté des choses se passe en 1943 et raconte l’attirance d’un lycéen pour sa professeure. Alors que ses camarades sont très occupés à parler de sexualité, un trouble s’installe entre Stig, un jeune lycéen, et sa professeure.
La Beauté des choses est le dernier film de Bo Widerberg et il est inédit en France.

FRASIAK : 2 concerts en Ile de France
à Viarmes, vendredi 31 janvier, salle St Louis

et au Forum Léo Ferré le vendredi 07 février à Ivry-sur-Seine
www.frasiak.com/concerts/