Chroniques rebelles
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Samedi 9 décembre 2000
Une femme des Gecekondu
de Nalan Türkeli (Éditions du Toit)
Article mis en ligne le 18 décembre 2007
dernière modification le 25 juin 2011

par CP

Depuis mercredi, toutes les caméras, tous les micros sont tournés vers Nice et son sommet européen, au sein duquel, on débat notamment de la Charte des droits du citoyen — et de la citoyenne… j’espère !
Quelle ironie lorsque l’on sait que dans les rues alentour, les militants et les syndicalistes venus protester contre l’Europe du fric se font matraquer par les flics venus en force pour briser toute contestation.

Durant ce sommet, il est aussi question de la future adhésion des pays candidats, et, parmi eux, la Turquie ! Et vient alors à l’esprit l’assassinat des Kurdes trop revendicatifs, la torture des militants contestataires, la corruption de l’administration, de la justice, de la police, et la misère pour tous ceux et celles qui tentent de survivre dans les villages et aussi dans les bidonvilles, notamment en bordure d’Istanbul… Cette misère, si parfois on l’imagine, on reste en dessous de la réalité. Faute d’intérêt des médias, elle reste invisible, elle n’existe pas, même pour ceux qui vivent à côté, mais du bon côté. Dans ces conditions que représente le témoignage de Nalan Türkeli face aux enjeux qu’implique l’intégration de la Turquie dans la communauté européenne ?

Nalan Turkeli vit dans les bidonvilles d’Istanbul, Nalan se rebelle contre la misère, contre la violence, contre l’injustice et écrit avec une acuité et un esprit critique remarquables.
"Sans éducation ni moyens matériels", la "diplômée de l’école de la vie" — comme elle se définit — la laissée-pour-compte de la société ne se tait pas, elle s’élève contre les interdits et les tabous.

Elle témoigne, elle dénonce, elle s’interroge et elle lutte au quotidien en tenant un journal, la femme des Gecekondu :
"Ma passion d’écrire a commencé avec l’envie de m’interroger sur les interdits qui entravent notre pensée, toute notre vie. Mes peurs m’ont aussi poussé à le faire." Qu’il s’agisse d’un cri de révolte, de besoin de tendresse ou de poésie, Nalan c’est la vie !
"Qui sont tes assassins, mon enfant ?
Ta colère est lave
Ta révolte des vagues folles...
... Un autre monde, mon enfant.
"

Le journal de Nalan, c’est celui d’une femme qui ne se résigne pas et confie dès le début de son texte :
" Dans ce bidonville où je vis depuis six ans, si je ripostais par la violence à toutes les injustices écoeurantes que je constate, si mon amour de la vie, mes affections et mes espoirs n’étaient pas si profonds, je serais certainement aujourd’hui derrière les barreaux d’une prison."

CP