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Anarchism in America (5)
Film de Joel Sucher et Steven Fischler
Article mis en ligne le 5 juillet 2009
dernière modification le 4 juillet 2010

par CP

Film proposé en version originale avec une traduction française

http://video.google.com/videoplay?docid=5896151564855675002

Ou

http://vodpod.com/watch/524190-anarchism-in-america

Anarchism in America (1h 13’ 45")

Suite du commentaire sur des images d’archives, affiches, journaux…

Le libertarianisme a ses racines dans l’individualisme américain. Bien que l’individualisme américain se soit développé indépendamment de l’anarchisme européen, les deux idéologies partagent un profond mépris de l’État. Contrairement aux anarchistes européens, les individualistes croient dans le droit à la propriété pour autant qu’elle ait été obtenue par son travail. Benjamin Tucker, rédacteur du journal anarchiste connu, Liberty, a dénoncé le monopole capitaliste de l’argent, de la terre, des rentes, et a prôné le changement dans la paix, pas la révolution armée.

Guidé par ses principes individualistes, Josiah Warren a fondé deux communautés de coopération : Utopia en 1844, et Modern Times en 1851. De nombreux individualistes du XIXe siècle ont aussi été les défenseurs de l’amour libre. Dans le Massachusetts, Ezra et Angela Haywood étaient ouvertement critiques du mariage et de la dépendance des femmes. Ils ont été harcelés et arrêtés un grand nombre de fois pour avoir publié et distribué des écrits sur le contrôle des naissances et la liberté sexuelle.

Commentaire sur des images de L’école de la vie de Mildred Loomis, en Pennsylvanie.

L’individualisme a aussi été à l’origine de nombreuses expériences de communautés. L’un de ses théoriciens clés a été Ralph Borsodi qui était convaincu qu’une société communautaire était la seule organisation viable, une communauté auto suffisante vivant en parfaite autonomie, sans interférence de l’État. Mildred Loomis, une des associé-es de Borsodi, est devenue une parcipante dans ce mouvement dans les années 1940.

Mildred Loomis - J’ai grandi dans une ferme du Nebraska où j’ignorais la misère et le besoin. J’étais très naïve lorsque je suis arrivée à New York pour continuer mes études. C’est alors que j’ai été bouleversée parce qui la grande crise des années 1930. Vous vous souvenez ? Non ?

Steve Fischler - J’en ai entendu parler.

Mildred Loomis - Vous n’avez pas eu à lutter contre, heureusement.
Mais c’est alors que j’ai commencé à me poser des questions et à être consciente de ce que j’appelais la légalité et le système gouvernemental. Peut être pouvez-vous comprendre, lorsque j’étais jeune dans ma ferme du Nebraska, je rêvais de devenir la secrétaire de…quoi ? : d’un député
du congrès à Washington DC ! Mais, j’ai rencontré Ralph Borsodi, qui travaillait à Dayton, j’ai du tout revoir.

Q - Quelle relation avec les communautés ? Quels en sont les principes importants ?

Mildred Loomis - Je le dirais en un mot : la responsabilité. Je pense qu’une personne responsable - par éthique et par penchant naturel — doit être responsable de sa propre survie. Et lorsque cela est violé par l’État, par la finance ou l’éducation, ou la ville, ou n’importe quoi, c’est une erreur d’en rejeter la responsabilité sur les êtres humains.

Q - Voyez-vous des similarités entre ce que vous tentez de faire et l’anarchisme, et les principes de l’anarchisme ?

Mildred Loomis - Si vous voulez dire l’anarchisme de Benjamin Tucker, oui. Absolument. Il y a longtemps, j’ai été enthousiasmée par son idée d’éliminer les monopoles et l’exploitation et de créer des associations de volontaires. Bien sûr, je suis pour tout cela. Je n’ai pas peur du terme "anarchisme" si c’est ce que vous voulez dire.

Fischler - C’est ce que nous voulons dire.

Mildred Loomis : Mais vous savez, s’il s’agit de ces lanceurs de bombes, ces collectivistes contre tout, alors nous nous interrogeons sur l’utilisation de ce terme. Pour ce qui est bien, droit, volontaire, autosuffisant, nous sommes d’accord, nous sommes partants.

Michael Carder (Vermont) conduisant son camion sur lequel est inscrit : “Personne pour président”.

Michael Carder - Il existe un anarchisme instinctif chez le peuple américain, et cela remonte à la tradition jeffersonienne. Il y a un désir réel pour l’auto-suffisance chez les gens du Vermont. Ce que je veux dire c’est qu’ils vivent là, dans leurs collines, pour ça. Ils sont contents, c’est leur choix. Ils n’appellent pas ça anarchie ou anarchisme, mais ils font beaucoup des choses dont nous parlons.

Q - Comme quoi par exemple ?

Michael Carder - D’abord être autosuffisant et créer des alternatives qui répondent aux besoins plutôt que d’accepter la société telle qu’elle est. Dans cette petite ville, les gens ont organisé un centre où des films destinés à la communauté, adultes et enfants, sont projetés, des représentations théâtrales sont montées, des dîners sont organisés auxquels tout le monde participe, des réunions aussi.

J’y vois une anarchie latente, dans la tradition des assemblées municipales de la Nouvelle Angleterre, comme chez les pompiers volontaires ou dans les coopératives. Les gens sont réceptifs à un désir de contrôler leur vie, de ne pas être commandé. Ils veulent trouver un moyen de se prendre en charge, au sein de petits groupes, à une petite échelle, où la démocratie directe est possible et là où les individus ont le sens de la participation réelle et du contrôle de leurs destinées.

Windsor, Caroline du Nord. Les salariées autogèrent leur entreprise de couture. Entretien avec Lyla Dudley.

Q - En quoi cette entreprise est-elle différente de celles où vous avez travaillé ?

Lyla Dudley - C’est différent parce que chaque travailleuse a l’opportunité de dire ce qu’elle pense, ce qu’elle ou il pense de l’organisation de l’entreprise, sur nos congés payés, notre travail, sur n’importe quoi. Si nous empruntons, les ouvrières, chaque individu a une voix. Tout le monde doit être contacté. Une entreprise autogérée ouvrière est différente de toutes les entreprises où j’ai travaillé parce que normalement, les dirigeants - le patron et les cadres - s’occupent de tout. Alors qu’ici, les travailleuses s’occupent de tout. Cela fait une différence. Vous construisez votre propre entreprise et vous y travaillez comme vous le désirez, vous voyez. Et vous en faîtes partie et c’est votre entreprise. Vous ne travaillez pas pour quelqu’un, mais pour vous-même.

Q - Existe-t-il un autre sens de la communauté ici parmi les travailleuses ?

Lyla Dudley - Je pense que la communication est formidable, parce qu’il ne s’agit pas de quelqu’un d’autre, mais de tout le monde…Vous savez, nous en sommes au début, alors ils commencent seulement à le comprendre. Je crois que dans un an… tout le monde voudra participer.

Q - Vous avez l’air d’être fermement convaincue par cette idée.

Lyla Dudley - Oui, j’y suis vraiment acquise. Parce que je me sens comme si…c’est comme travailler pour moi-même. Ce que j’y mets est ce qui me reviendra.

Commentaire sur les images du travail dans l’usine autogérée et d’exemples dans d’autres entreprises.

Le décentralisme et l’autogestion sont au cœur de la philosophie anarchiste. Les anarchistes posent la question : pourquoi les décisions qui affectent nos vies doivent-elles être prises par une autorité centrale et lointaine ? Cela n’a pas de sens. Les gens doivent administrer leurs vies et non déléguer la responsabilité à d’autres.

Les assemblées municipales, l’association de quartier, le comité d’entreprise, autant d’exemples types d’organisations anarchistes.

Philip Levine, poète

J’ai vécu deux ans en Europe et l’une des choses qui m’a le plus ébranlé, c’est de voir à quel point la population était respectueux des lois. Évidemment, j’ai contourné toutes les lois. Je ne crois pas que j’ai violé
les lois parce que je suis anarchiste, mais parce que je suis américain. C’est-à-dire que si j’arrivais à un feu rouge et qu’il n’y avait personne, je traversais et je me fichais du feu. J’avais cette attitude et d’ailleurs à quoi cela aurait-il servi de rester là ? Ou bien je me faufilais et j’ai remarqué que cela rendait mes voisins européens furieux. “Restez dans la file”, “Soyez comme ceci ou cela”, “Faîtes la queue”, vous voyez le genre, en Angleterre par exemple. Alors j’ai dit “Allez vous faire voir”, “le premier qui arrive au bus monte”.

Fin de la cinquième partie du film

Anarchism In America (5)


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