Chroniques rebelles
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Les Communautés tamoules et le conflit sri lankais. Sous la direction de Delon Madavan, Gaëlle Dequirez et Eric Meyer
Samedi 14 mai 2011
Article mis en ligne le 16 mai 2011
dernière modification le 6 juillet 2011

par CP

Les Communautés tamoules et le conflit sri lankais

Sous la direction de Delon Madavan, Gaëlle Dequirez et Eric Meyer. (L’Harmattan)

En mai 2009, la reddition des Tigres de Libération de l’Eelam tamoul et la mort de leur chef ont mis fin à plus de 25 ans de guerre civile à Sri Lanka. Malgré l’écrasante victoire militaire du gouvernement sri lankais, contrôlé par la majorité cingalaise, la question tamoule n’est toujours pas réglée. La population civile a été très durement touchée, des centaines de milliers de personnes ont été déplacées. Les auteurs donnent des clés pour mieux comprendre les conséquences du conflit intercommunautaire à Sri Lanka.

Voici presque deux ans, nous recevions Éric Meyer, Nirmala Rajasingham, Sarah et Emilie pour un débat autour des conséquences à court et moyen terme de la guerre civile qui avait opposé, dans le Nord de Sri Lanka, les forces gouvernementales sri lankaises aux séparatistes tamouls du LTTE, les Tigres de libération de l’Eelam Tamoul.

Le constat immédiat et prégnant avait été la situation tragique de la population civile dans la région du Nord de l’île, prise littéralement entre deux feux durant le conflit. « La catastrophe humanitaire qui a eu lieu à Sri Lanka en 2009 a contribué à attirer l’attention du public sur la situation des Tamouls dans ce pays. » Mais durant les derniers affrontements, aucun témoin extérieur — journalistes indépendants ou ONG — n’avait été autorisé à pénétrer à l’intérieur de la zone des combats. Ce qui était d’autant plus inquiétant pour la situation et le traitement de la population civile.

Dans un article intitulé “Massacres au Sri Lanka, triomphe de Colombo”, Éric Meyer écrivait le 6 mai 2009 :

« Une centaine de milliers d’habitants ont pu s’échapper depuis la mi-avril, et au total 172 000 depuis février, de la nasse où ils étaient enfermés ; ils ont rejoint, dans des conditions sanitaires dramatiques, les zones tenues par les troupes gouvernementales. Beaucoup ont traversé la lagune qui séparait la bande côtière, où ils étaient entassés, de la terre ferme, après avoir franchi les tranchées et les levées de terre édifiées à la hâte par les LTTE pour arrêter l’avance des troupes gouvernementales et empêcher les civils de s’enfuir. Beaucoup (plus de 2 000, voire davantage selon certaines sources) ont été victimes des bombardements de l’armée, des tirs des Tigres et de la situation sanitaire et alimentaire désastreuse. »

Ce refus de la présence de témoins extérieurs laissait aussi planer le doute quant aux informations reçues et posait le problème de la manipulation médiatique à but de propagande, qu’il s’agisse de celle du gouvernement de Colombo ou bien de celle des Tigres.

Cet ouvrage — Les communautés tamoules et le conflit sri lankais —revient sur les raisons profondes de ces conflits armés, les enjeux et les traces laissées dans la société sri lankaise. Des populations civiles ont été déplacées depuis près de trois décennies, elles ont été privées de leurs droits, discriminées, poussées à l’exil, prises en otage lors des combats et finalement elles ont été parquées dans des camps de détention après la victoire militaire de 2009 des autorités cinghalaises sur les Tigres.

Deux ans après, les populations déplacées du Nord ont-elles eu un droit au retour dans leur région ? Les camps de détention existent-ils encore ? Une politique de réconciliation nationale entre les différentes communautés a-t-elle été initiée ? Est-il question d’intégration plus équitable des minorités ?
À cette question, l’ouvrage répond « La victoire militaire donnant raison aux vainqueurs, les doléances tamoules ne sont plus prises en compte à Sri Lanka. » Aucun compromis donc n’est envisagé et il n’est pas question de reconnaissance des droits de ces populations. C’était la crainte évoquée en mai 2009 dans ce studio et c’est aussi une grave erreur politique.

Le Premier mai dernier, les Tigres de la diaspora étaient très présent-es dans la manifestation parisienne. La revendication séparatiste est-elle toujours aussi forte ? « Quelle est la marge de manœuvre de la diaspora tamoule sri lankaise vis-à-vis du LTTE, sachant que les Tigres ont décidé d’instrumentaliser la diaspora pour continuer d’exister […] et de militer pour la création d’un État souverain pour les Tamouls de Sri Lanka : le Tamoul Eelam. » Quelle est aujourd’hui l’influence réelle des Tigres de libération de l’Eelam Tamoul ? Celle-ci n’est-elle pas renforcée par l’attitude des autorités cinghalaises vis-à-vis des communautés tamoules à Sri Lanka ?

Sites à consulter sur la question :

http://www.uthr.org/
(University Teachers for Human Rights, Jaffna. Les mieux informés sur la situation intérieure dans le Nord)

http://dbsjeyaraj.com/

http://groundviews.org/
(site de journalistes sri-lankais non contrôlés par le gouvernement)