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Philomène Le Bastard
Chroniques pour un autre cinéma : Des femmes et de l’homophobie
Article mis en ligne le 6 octobre 2015

par CP

Une seconde mère

Film d’Anna Muylaert

Sortie nationale le 24 juin

Mustang

Film de Deniz Gamze Ergüven

Sortie nationale le 17 juin

Self Made

Film de Shira Geffen

Sortie nationale le 8 juillet

Stand

Film de Jonathan Taïeb

Sortie nationale le 24 juin.

Lutte des femmes et lutte de classes, lutte contre l’homophobie…

Une seconde mère

Film d’Anna Muylaert

Le film est une belle illustration des différences de classe. L’héroïne, Val, s’occupe de la maison d’un couple aisé de la bourgeoisie de Sao Paulo. Issue de la classe populaire brésilienne, Val est la seconde mère du fils de la famille, mais elle est aussi la mère d’une fille qu’elle a laissée en nourrice dans une autre ville pour travailler et lui payer des études. Les années passent sans que Val ne connaisse vraiment sa fille Jessica et en étant très proche du garçon dont elle s’occupe, tout cela dans des relations normées entre patrons et domestiques.

À la veille de passer des examens pour entrer dans une école d’architecture renommée, Jessica rejoint sa mère et, très vite, les relations établies avec la famille qui emploie Val depuis des années sont bousculées. Jessica ne se voit pas comme une domestique et se comporte en égale avec tous les membres de la famille. Si le père et le fils apprécient son naturel et cette absence de hiérarchie, il n’en est pas de même pour la maîtresse de maison qui veut mettre des limites et le fait sentir à Val. Peu à peu, des tensions s’installent et Val est partagée entre son allégeance aux codes sociaux et son amour pour sa fille.

Une Seconde mère est porté par une comédienne prodigieuse, qui incarne Val et lui apporte la complexité de cette femme simple déchirée entre les codes sociaux qu’elle considère comme un gage de loyauté et le soutien qu’elle doit à sa fille après des années d’absence. Le film décrit avec brio les relations de classes, sans violence certes, mais quand même, on ne mélange pas les torchons avec les serviettes !

Une Seconde mère est le quatrième film de la réalisatrice brésilienne et c’est son premier film à être distribué en France.

Mustang

Film de Deniz Gamze Ergüven

Dernier jour de l’année scolaire dans un village traditionnel de Turquie, c’est aussi l’adieu de l’enseignante qui part pour Istanbul. Sur le chemin du retour, Lale et ses soeurs jouent à la plage avec des garçons du même âge. Et c’est le scandale, l’accusation d’impudeur se colporte très vite dans le village.

Leur grand-mère, qui élève les cinq filles depuis la mort des parents, les sanctionne sans écouter ni vouloir comprendre les adolescentes. L’oncle s’en mêle et en fait une histoire d’honneur. Au nom de l’honneur, elles sont donc peu à peu privées de sortie, confinées et enfermées à l’intérieur de la maison.

Quels sont les moyens pour détourner les interdits ? Comment échapper à cette prison des traditions ? Se marier ou mourir… Ou la rébellion ? L’enfermement et la révolte racontées par une adolescente.

Mustang de Deniz Gamze Ergüven a été présenté à la Quinzaine des réalisateurs de Cannes et sa sortie nationale est le 17 juin

Self Made

Film de Shira Geffen

Film étrange sur l’identité dans une situation particulièrement conflictuelle, sur la création aussi et la perception de l’art. À la suite d’une chute, Michal, artiste israélienne d’installations, perd la mémoire et toute notion de son identité. Elle est
à la veille d’une exposition, semble redécouvrir son travail et ne sait que répondre
aux questions des journalistes.

De l’autre côté du mur de séparation, Nadine, ouvrière palestinienne, inquiète sa famille par son refus des normes sociales. Elle passe chaque jour le check point, casque sur les oreilles, pour se rendre au boulot et semble vivre dans un autre
monde. Nadine travaille dans une usine où elle collecte des boulons, mais en
détourne quotidiennement pour les semer et retrouver son chemin.

Dans Self made, tout oppose les les deux personnages — le milieu, la classe sociale, le pays, l’éducation —, pourtant elles vont se croiser par hasard, et leurs destins vont littéralement se confondre. L’occupée et l’occupante se rencontrent, une allégorie à plusieurs symboles. Le film est une réflexion déroutante sur l’identité et son rapport dans les sociétés.

Stand

Film de Jonathan Taïeb

Inspiré de faits réels et du climat homophobe qui règne en Russie, Stand est un film indépendant, un film d’auteur tourné sans aucune autorisation par une équipe internationale en seulement 11 jours.

Anton et Vlad, un couple d’homosexuels vivant à Moscou, sont témoins depuis leur voiture d’une agression violente. Anton veut s’arrêter pour venir en aide au jeune qui est tabassé, mais son compagnon refuse. Le lendemain, ils apprennent qu’un crime homophobe a été commis au même endroit et Anton, choqué, se lance dans une enquête sur les réseaux homophobes. Malgré l’inquiétude de Vlad, Anton prend des risques. En effet, ces réseaux, souvent liés à l’extrême droite, harcèlent et agressent les personnes LGBTI (Lesbiennes, Gays, Bisexuelles, Trans et Intersexués), réseaux violents encouragés par les lois homophobes, notamment une loi votée en juin 2013 par le Parlement russe et une loi de 2015 interdisant aux personnes transsexuelles de conduire un véhicule pour « déficience mentale » ! Et cela n’est malheureusement pas de la fiction.

Anton visite la mère de la victime en se faisant passer pour un journaliste, mais elle refuse de parler. Sa sœur contacte alors Anton qui a décidé de retrouver les assassins coûte que coûte.

Le film, construit comme un thriller, est soutenu par Amnesty international.
Stand est un hymne à la résistance et se conclut par cette réflexion : qu’est-ce que la morale ?


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